dimanche 17 mars 2013

Y-a-t-il encore un patron au patronat ?


Ce qui me fascine dans la séquence Medefienne actuelle est qu’on peut se demander s’il y a encore un patron au patronat. La Reine semble les avoir tous anesthésiés et ils sont prêts à accepter tout (et son contraire) sans broncher.

Reprenons :

-          Le 2 mars dernier, Laurence Parisot exprime sa volonté de rester à la tête du MEDEF. Elle le fait dans Le Monde, lors d’une grande interview après une semaine médiatique chaotique de vrai/pas vrai qui laisse plus d’un observateur sceptique. On y apprend, ce qu’on subodorait depuis un moment, que la Reine ne veut pas se prolonger de 2 ans, mais bien se représenter pour un troisième mandat. Et le titre « J’ai l’audace d’espérer pouvoir être candidate » est une formule aux petits oignons – bravo aux communicants capables de faire passer la Reine pour une jeune fille timide. Pas de soucis me direz-vous. Certes, sauf que cela  fait 3 mois qu’elle dit tout et son contraire (« je n’ai pas pris ma décision », etc.) et que le débat change radicalement de nature. Jusqu’à présent, la Reine disait vouloir corriger une « anomalie » des statuts (qu’elle a elle-même introduite en 2007), maintenant, c’est un troisième mandat qu’elle brigue. Elle dénonce le fait qu’on la compare à Poutine. Elle a raison. Lui au moins avait mis un comparse à la tête de l’empire, pour respecter sa constitution (ses statuts à lui). C’est plutôt à Chavez qui convient de la comparer (mais vue l’actualité, on ne va pas insister). Rappelons en passant que le respect de l’alternance est un des fondements du principe démocratique (ainsi que les limitations de mandats qui évitent toute dérive monarchique- trop tard). Bon, mais le propos n’est pas là, ce qui est surprenant c’est qu’aucun des membres du CE, pourtant prompts à s’émouvoir de tout ce qui risque de mettre à mal « l’unité patronale » ne s’émeut d’une annonce de candidature dans la presse. La moindre des choses aurait été de prévenir le CE avant, mais visiblement, ça passe.

-          Cette semaine, c’est par une dépêche AFP que les membres du CE apprennent comment la procédure de vote va se passer : une intervention du président du Comité Statutaire puis un CE exceptionnel le 28 mars. L’ordre du jour du CE est diffusé le vendredi matin simplement après la dépêche envoyée le jeudi (pour une fois que ce n’est pas le samedi matin). Là encore, personne ne moufte. Ce qui leur semblerait impardonnable dans leurs propres entreprises ou Fédérations apparaît normal dès qu’il s’agit du MEDEF.

-          Samedi enfin, dans le magazine du Monde, grand portrait de Laurence Parisot, « la politique dans la peau ». Du bel ouvrage de communicant. A peine critique. Où l’on comprend finalement que l’hypothèse Parisot arrange pas mal de monde : le PS et le Gouvernement en premier lieu (qui n’a pas envie d’un MEDEF plus combatif), le monde des grands patrons (en partie), etc, etc. Bon timing pour le CE du 18 mars. Tiens, le Monde fait la campagne de la Reine ? Mais que fait Le Figaro ?

Alors que va-t-il se passer dans la semaine ?

Simple :

-          lundi 18 mars Conseil Executif. Le président du comité statutaire va expliquer les conclusions. En gros : on peut changer les statuts et voilà ce qu’on peut faire. Question : est-ce un avis unanime ou majoritaire ? L’info n’est pas claire. Les plus courageux vont prendre de belles postures et dire… bravo, Laurence on t’aime,  mais là, c’est pas possible. Elle va poliment écouter, redire son amour de la démocratie, expliquer qu’elle souhaite se représenter car elle a le plus d’expérience en la période actuelle, qu’elle se sacrifie car c’est un vrai sacrifice d’être présidente du MEDEF (elle est attaquée par des blogs anonymes !), qu’elle se languit de son entreprise, etc. Elle veut respecter la démocratie, c’est pour ça qu’elle propose de changer les statuts (argumentation imparable). Puis, on va passer à autre chose.

-          Le jeudi 28 mars, CE exceptionnel. Là, on verra si les membres du CE arrivent à avoir un vote à bulletin secret. Si oui, le résultat est incertain, si non, la Reine se maintient. Cela dit, même à bulletin secret, ils ont intérêt à être présent au moment du dépouillement et de rendre public le résultat dans la foulée. Sinon…

Eh bien, on est presqu’au bout de l’exercice. Reconnaissons tout de même à la machine médiatique du MEDEF d’avoir réussi à anesthésier les autres candidats (on n’en entend plus parler). Toute la presse se focalise sur le combat de la Reine pour se maintenir au pouvoir. Fascinant…

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