samedi 16 février 2013

La stratégie du mépris

Lorsqu'on lit les déclarations de Laurence Parisot sur les raisons qui la poussent à changer les statuts, on ne peut être qu'étonnée et abasourdie par le mépris dont elle fait preuve vis à vis des électeurs, des candidats, de l'institution.

Reprenons l'argumentaire :
1/ Il y a des échéances cruciales (grandes négos à venir) et nous sommes en crise économique.
2/ Il faut quelqu'un d'expérimentée à la barre et en plus, "on ne change pas un capitaine dans la tempête".
3/ Je suis prête à me sacrifier - si vraiment vous me le demandez (mais c'est déjà fait) et pour un temps limité (deux ans - elle ne précise pas combien de fois renouvellables).

Tout cela est sympathique et pourrait faire sourire si ce n'était pas sérieux. Car quoi ? Avec des raisonnements comme cela, Nicolas aurait confisqué (avec raison) l'élection présidentielle de mai dernier. Cette rhétorique  révèle surtout le manque d'arguments objectifs pour justifier le putsch, et il vaudrait mieux pour tout le monde que Laurence finisse par donner la vraie raison : "J'ai pris goût au pouvoir, je n'ai rien de mieux à faire après le MEDEF, et en plus, je pense que tous les autres sont nuls, donc je suis sincèrement persuadée d'être indispensable."

Cette posture de mépris est tout de même dangereuse car elle part de l'idée que tous (monde patronal, électeur, simple citoyen) sont incapables de réfléchir par eux-mêmes.
Car quoi ?
1/ Il y a des échéances cruciales ? Il y en a toujours, on est toujours en train de modifier et de discuter de quelque chose. Aujourd'hui la situation est plus tendue qu'hier, certes, mais elle l'a été plus à certaines époques.
2/ Il faut quelqu'un d'expérimenté ? Oui, mais de quelle expérience parle-t-on ? De chef d'entreprise ? Lanxade, Volot et Gattaz peuvent s'en prévaloir plus que Laurence elle-même après 8 ans passée à plein temps à la tête du MEDEF. De gestion d'organisation patronale ? Gattaz baigne dedans depuis 15 ans. De négociation avec les partenaires privés et public ? Volot n'est pas le plus mauvais, mais tous savent le faire. De la connaissance des dossiers ? Voyons, comme si la présidente ou le président était seul à la barre. C'est faire preuve d'un mépris total vis à vis des autres élus et des permanents qui préparent les notes, les analyses, les réflexions qui sont ensuite portées (je le prends mal, j'avoue).
3/ Laurence est prête à se sacrifier ? Tant mieux pour elle, mais personne ne le lui demande - en tous les cas, personne de sensée.

Après 8 ans, le patronat a surtout besoin de respiration et de renouveau.

Alors, quelle stratégie pour imposer ses vues ?
La solution la plus simple est donc de provoquer la crise, de faire en sorte que le réflexe panurgien, tellement répandu dans nos organisations, joue à fond. La tentative de dramatisation sur l'accord social ayant tourné court, il faut trouver autre chose.

Rosine, que peut-on faire ?
Enerver suffisament les parlementaires socialistes pour que ceux-ci entrent en conflit (et fassent son jeu). Pas très drôle, et pas le bon timing.
Relancer une polémique avec l'UIMM ? Risqué mais une bonne vieille guéguerre industrie -services, c'est toujours savoureux.
Se victimiser ? Pourquoi pas (en utilisant l'existence de ce blog par exemple et des vidéos). Pas sûr que cela suffise, vus les mails que je reçois de tous côtés.

Non, Laurence, le plus simple est de décrédibiliser ses adversaires déjà déclarés et d'empêcher de nouveaux d'émerger (technique 2010). Ca, c'est le boulot de Pébereau / Méaux et Bourry...  A voir si Roux de Bezieux se lance lundi soir comme cela se susurre, et si St Geours y va (peu de chance). En attendant, il faut demander à la presse de continuer à faire la petite musique de "il n'y a pas de candidats de poids" (certains journalistes s'y emploient visiblement avec délectation)...

A suivre !


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